Ellis Island, Georges Perec
Je cherche depuis un moment des livres qui décrivent l'arrivée d'immigrants en Amérique, à l'époque ou Ellis Island etait encore un passage obligatoire pour tout arrivant.
Il n'y a hélas pas grand chose (d'ailleurs, si quelqu'un a des idées, je prends !!). J'ai donc lu "Ellis Island" de Georges Perec, qui est pratiquement la seule référence qui ressort des recherches.
Il s'agit d'un tout petit livre de 70 pages, qui se lit très vite, puisque je l'ai lu en 30 minutes environ. Georges Perec est parti visiter Ellis Island le 31 mai 1978, et fait le récit de son compte rendu.
L'ile s'est transformée est devenue un lieu d'immigration en 1892, la première d'entre eux se nommait Annie Moore et arrivait d'Irlande.
Ellis Island a fermé en 1954, accueillant pour terminer un marin norvégien. Entre ces 2 personnes, 16 millions d'hommes, de femmes et d'enfants s'y sont présentés, 2% se sont vu refouler l'entrée.
On y trouve beaucoup d'informations sur le lieu. L'emplacement, la taille de l'Ile. Et puis les statistiques. 600000 personnes sont arrivées à Ellis Island depuis la France. Jen'ai retenu quece chiffre, mais il y avait des infos pour tout type de pays.
Puis il explique comment les choses se passaient. Les immigrants de 1ere classes et de secondes ne passaient pas par Ellis, du moment qu'ils pouvaient s'assumer sur le sol Américain.
Donc les 3eme classes étaient emmenés à Ellis Island, nommée ainsi par le nom de son dernier détenteur.
J'ai eu l'impression de revivre ma visite de septembre.
On entre dans ce lieu, on arrive devant un amas de bagages, que les arrivants devaient laisser là en attendant de passer par la salle d'enregistrement, et par toutes sortes d'examens.
Ils étaient divisés en groupes, selon qu'ils étaient aptes à entrer sur le sol Américain, ou selon qu'ils devaient passer d'autres examens plus approfondis. On y découvre un système de lettres, qu'on leur inscrivait sur l'épaule, correspondant à leur présumée maladie.
Et se suivent des chapitres, dans un style visuel très aéré, sur les différentes pieces visitées, sur les différents objets exposés.
Perec insiste sur l'impression de lieu d'errence. Ils sont partis de leur pays natal, mais ne sont pas encore arrivés sur leur terre d 'adoption ... C'est comme le dit Perec, un "non-lieu". Comme une terre sans nom, comme un trou dans l'espace, tout en étant un lieu d'espoir, par les fenetres duquel on aperçoit les gratte-ciel de Manhattan ...
Perec finit son texte en s'interrogeant sur sa propre situation. Il est juif, mais qu'est-ce qu'etre juif ? qu'est-ce qu'être soi ? Qu'attend-on finalement de la vie ? Ces hommes et ces femmes sont venus parce que leur pays natal ne pouvait plus les nourrir. ils sont venus parce que l'Amérique était l'El Dorado dont tout le monde revait, ils ont économisé des années pour payer le voyage, et finalement, ils arrivent dans un endroit pas si "pavé d'or" qu'on le leur avait dit ... dans lequel la vie ne sera peut-etre pas si belle que ça ...
En tous cas, je dois dire que ma visite d'Ellis Island aurait pu me permettre d'aborder les choses de la même façon que Perec l'a fait.
Pour terminer, je voudrais citer quelques vers d'Emma Lazarus, qui fut une des inspiratrice lors de la construction de la Statue de la Liberté. Elle fut, si on peut dire, la personne qui lui a donné sa signification, signification qui touche de près Ellis Island :
Give me your tired, your poor,
Your huddled masses yearning to breathe free,
The wretched refuse of your teeming shore.
Send these, the homeless, tempest-tossed, to me,
I lift my lamp beside the golden door !
Extension de Lectures :